Zen et imagination (4)
Si vous parcourez l'histoire du Zen, vous y trouverez non seulement Ikkyu, mais aussi d’autres maîtres tout aussi fous. Rinzai Gigen, fondateur de l’école Zen Rinzai, en est un bon exemple. L’une de ses citations les plus importantes est « Si tu rencontres Bouddha, tue-le. Si tu rencontres un patriarche, tue-le aussi. »
Cette phrase placée dans un contexte chrétien se traduirait par «Si tu rencontres Jésus, tue-le. Si tu rencontres Pierre et Paul, tue-les aussi. » Dans un contexte musulman, cela deviendrait « Si tu rencontres Allah, tue-le. Si tu rencontres Mohammed, tue-le aussi. »
Oui, ce sont des déclarations démentes que les fidèles de ces deux religions considéreraient comme des blasphèmes impardonnables. Mais pour Rinzai, tant que vous n’avez pas compris cette phrase, vous n’avez rien compris à Dieu.
Si vous lisez le recueil des paroles de Rinzai, vous serez sans doute très désorienté, car il nous a laissé de nombreuses autres déclarations toutes aussi ahurissantes, telles que «Bouddha n'est qu'un trou dans les toilettes» ou «le canon bouddhiste ne vaut pas mieux que du papier toilette». Je ne pense pas que les pratiquants Zen qui suivent scrupuleusement les manuels monastiques puissent comprendre le Zen authentique que Rinzai a le plus clairement démontré.
En énonçant des choses aussi radicales, Rinzai voulait rappeler à ses fidèles qu’ils ne devaient jamais considérer qu’il y ait quelque chose de plus sacré qu’eux-mêmes. Dans le cas contraire, ce ne serait rien d’autre qu’un culte idolâtre. Rinzai était opposé à la séparation entre Bouddha et les gens ordinaires, entre le sacré et le profane. Pour réveiller ses étudiants, il les saisissait souvent par le col et criait: «Maintenant, ouvre les yeux et vois! »
[à suivre]
Soho Machida, 27/08/2019
(traduction Oriibu)